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Dérives sur draps

 

 

Cet ensemble de 28 pièces est le résultat d’une recherche d’expression sur des draps, sans utiliser la broderie.

 

Dans un premier temps les draps étaient les miens. Puis j’ai été amenée, n’en possédant plus,  à les acheter.

 

Je me suis, tout d’abord restreinte à l’utilisation des crayons de couleur à la cire.  Puis j’ai utilisé le gesso, matière destinée à l’apprêt d’une toile dans la manière de peindre classique qui nous vient des primitifs italiens, pour introduire une forme blanche avec un changement très sensible de matière.

 

Certaines pièces ont été trempées dans l’eau en les froissant puis dans le gesso. D’autres comportent une forme blanche arrondie appliquée avec du gesso directement sur le drap en créant un changement de matière. Le blanc est très épais. Cette forme introduit un élément autre sur le drap. S’agit-il d’une lumière, d’un fantôme. Matière différente qui vient calmer l’ensemble en créant une distanciation, qui brusque  la composition sur laquelle elle est appliquée en la mettant au second plan.

 

On pourra remarquer l’utilisation parfois d’une pièce blanche cousue sur le dessin qui donne un silence et qui cache, mais pas tout à fait, une partie trop présente ou bavarde du dessin.

 

Dans d’autres pièces, de la gouache rouge très épaisse ou, au contraire,  fortement délayée dans l’eau, est appliquée sur le drap. On trouve parfois aussi  du  lavis, appliqué en tache qui se dilue ou vient épouser les froissements du drap tel un système veineux ou de capillarité, racines, ramures de l’arbre ou vaisseaux sanguins ?

 

Chaque pièce est une recherche, une interrogation à laquelle se mêle finalement un propos.

 

Le sujet peut être  issu d’un rêve, d’une pensée du moment, ou encore d’une photo, une femme qui dort dans le métro ou des  marchands de poissons, une vieille femme ramassant des cartons à Hong Kong. Il arrive que rêve et réalité se superposent : « D’après un rêve » « Cœur à blanc » « Décrocher ».  Images qui me ramènent comme le ferait celle d’un rêve  à une blessure jamais tout à fait refermée. Celle de la perte à la naissance d’un bébé : « L’opération »,  « L’étoile rouge », « Cœur à blanc », « il doit mourir » « autre chose » … , de l’abandon : « N’aie pas peur ». Image qui  peut aussi renvoyer à une interrogation  sur le couple « L’éclipse » «  L’épuisette » « Le seau rouge ». Image aussi simplement  poétique, évoquant mes thèmes récurrents comme l’arbre ou  le sein. » L’arbre qui pense » « Les arbres rouges » « Cœur à blanc ». Parfois réduite à sa plus simple expression  et très dépouillée  « autre chose » « La vieille femme », d’autres fois très chargée «  l’épuisette »

Ces pièces constituent des va-et-vient entre diverses tentations, d’où le titre " Dérive sur draps" que j’ai choisi. Mais le résultat n’est jamais laissé à l’insatisfaction.

 

 

 

Véronique Durieux – 23 novembre 2016

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